Ethiopie
Contexte et actualités
L’Ethiopie reste marquée par deux années de guerre civile dans la région du Tigré et une sécheresse catastrophique, étroitement liée au changement climatique. Plus de 20 millions de personnes souffrent de la faim sur les plus de 120 millions d’habitants de ce pays qui est le deuxième le plus peuplé d’Afrique. La situation humanitaire s’est détériorée depuis 2021, entraînant une augmentation des besoins humanitaires partout dans le pays. L’impact cumulé des conflits en cours, des chocs climatiques tels que la sécheresse et, plus récemment, les inondations, en sont les principaux facteurs. En 2022, plus de 29 millions de personnes avaient besoin d’aide humanitaire et de protection. En 2023, près de trois quarts des personnes dans le besoin sont des femmes et des enfants. Les conditions de sécheresse extrême entraînent pertes en bétail et réduction de l’accès des ménages à la nourriture et à des revenus. Une situation qui, avec les conflits interethniques en cours, engendre d’importants déplacements de populations, notamment dans les régions d’Amhara et d’Oromiya.
Au nord du pays, la région d’Amhara continue de subir les conséquences dévastatrices du conflit ayant touché la région voisine du Tigré entre novembre 2020 et novembre 2022. Bien que les affrontements aient cessé, les séquelles du conflit, d’une violence inouïe, demeurent profondes. Les infrastructures publiques essentielles, notamment en matière de santé et d’approvisionnement en eau, restent largement dégradées, entravant la reprise normale des services de base.
Le bilan humain est lourd et les moyens de subsistance des familles ont été durablement affectés. L’extension du conflit aux régions d’Afar et d’Amhara a provoqué une forte augmentation des besoins humanitaires dans tout le nord du pays. En 2024, la situation alimentaire est restée critique, et en 2025, des millions de personnes nécessitent toujours une assistance humanitaire d’urgence, notamment dans les zones rurales les plus isolées.
Les déplacés internes vivent encore majoritairement dans des conditions précaires, souvent dans des abris temporaires surpeuplés. Femmes et enfants continuent d’être les premières victimes de cette crise prolongée. La malnutrition, en particulier infantile, reste alarmante et s’aggrave dans plusieurs zones. La situation demeure particulièrement dramatique dans la zone de North Wollo, où l’accès à l’aide humanitaire reste limité en raison de l’insécurité persistante et de l’état des infrastructures.
Au sud du pays, dans la région d’Oromiya, la zone de Borena — qui partage une frontière avec le nord du Kenya — demeure gravement touchée par des crises climatiques et humanitaires successives. Cette zone, peuplée d’environ 1,2 million de personnes, dont 91 % vivent en milieu rural, fait face à une fragilité croissante. Le district (woreda) de Yabello, centre administratif de la zone, situé à environ 570 km d’Addis-Abeba, reste un point névralgique de la réponse humanitaire.
Depuis plusieurs années, la sécheresse prolongée a provoqué l’assèchement quasi total des principales sources d’eau, forçant les femmes et les enfants à parcourir de longues distances pour accéder à des points d’eau, souvent non protégés et à haut risque sanitaire. En parallèle, les inondations intenses survenues au printemps 2023 ont aggravé la situation en endommageant de nombreuses infrastructures hydrauliques, compromettant encore davantage l’accès à l’eau potable.
En 2024 et 2025, les conséquences de cette combinaison de chocs climatiques restent visibles. Le manque d’entretien des sources d’eau, les mauvaises conditions d’hygiène et d’assainissement ont favorisé l’émergence et la persistance d’épidémies, notamment de choléra, avec des flambées récurrentes signalées dans plusieurs districts.
Les communautés pastorales, pilier économique et social de la zone, sont particulièrement affectées. Des dizaines de milliers de ménages ont perdu leur bétail, et nombre d’entre eux ont été contraints de fuir, devenant déplacés internes et vivant dans des camps surpeuplés. La malnutrition, notamment chez les enfants de moins de cinq ans, les femmes enceintes ou allaitantes et les personnes âgées, continue de croître à un rythme préoccupant.
SOS Villages d’Enfants Ethiopie
Présente dans le pays depuis 1974, SOS Villages d’Enfants en Ethiopie accompagne quelque 86.000 enfants, jeunes et adultes sur huit sites (e.a. Addis Abeba, Harar, Gode) à travers ses programmes de prise en charge alternative et de prévention de la séparation familiale, d’éducation – l’association intervient dans des écoles – et de santé. Depuis 2015, elle a développé dans la région du Tigré une solide expérience dans les programmes de soins alternatifs pour des enfants réfugiés non accompagnés.
Dans la région d’Amhara, notamment dans la zone de North Wollo, l’association gère des programmes de gestion communautaire de la malnutrition aiguë pour soutenir les efforts communautaires visant à fournir une alimentation de qualité aux nourrissons et aux jeunes enfants ainsi qu’aux femmes enceintes ou qui allaitent. Par ailleurs, l’association intervient régulièrement en urgence pour soutenir les communautés vulnérables confrontées de manière récurrente à des catastrophes naturelles, à la sécheresse et à l’insécurité alimentaire mais aussi à de violents conflits. L’association est membre actif de forums de coordination et l’Ethiopie fait partie des cinq pays où a été mis en place en 2020 Joining Forces for Africa (JOFA), premier projet commun du consortium Joining Forces réunissant les six plus grandes ONG engagées pour la protection de l’enfant et pour la défense de ses droits.