Journée internationale des femmes

Chaque année, le 8 mars, nous célébrons la journée internationale des femmes. Le thème pour 2023 est « Pour un monde digital inclusif : innovation et technologies pour l’égalité des sexes ». A cette occasion, nous partageons avec vous le parcours d’Yvette, une jeune ambassadrice des droits de l’enfant au Bénin qui a grandi dans un village d’enfants SOS. Elle est aujourd’hui un véritable role model pour les jeunes gens.

Yvette n’avait que quatre ans quand son père est mort. Sa mère, originaire d’un petit village du nord du Bénin, ne pouvait subvenir à ses besoins et à ceux de son frère, voilà pourquoi Yvette a alors rejoint le village d’enfants SOS de Natitingou. « J’y ai passé toute ma vie, mais j’allais quand même voir ma mère biologique pendant les vacances », se rappelle Yvette, qui a aujourd’hui 23 ans.

Depuis son plus jeune âge, Yvette est une élève brillante. Elle était déjà la meilleure à l’école primaire, déterminée et engagée à s’embarquer dans une aventure ambitieuse qui l’aurait menée loin de là où a démarré sa vie.

« J’ai acquis mes valeurs auprès de SOS Villages d’Enfants. Quand tu viens d’un milieu défavorisé et qu’on te donne une seconde chance, tu dois travailler dur et accomplir des choses dans la vie. Je suis obligée de réussir », dit Yvette, tout en rangeant ses livres universitaires sur les étagères de son studio au cœur de la ville portuaire de Cotonou.

Au village d’enfants SOS, quand sa mère partait en vacances, Yvette prenait soin des autres enfants avec lesquels elle vivait, « je n’étais pas la plus âgée, mais j’avais à cœur de m’occuper d’eux et j’ai toujours aimé que l’on me donne des responsabilités ».

Yvette est née dans une communauté rurale où être un enfant n’est pas facile. Les violences corporelles contre les enfants, à l’école et à la maison, sont courantes. Elle n’avait que neuf ans quand elle est devenue représentante de sa classe et membre du comité exécutif de l’école et qu’elle a commencé à sensibiliser enfants et adultes à la problématique des violences corporelles.  

« SOS Villages d’Enfants enseigne les droits de l’enfant, c’est pourquoi j’ai pris conscience de certaines questions qui touchent les enfants et auxquelles je suis particulièrement sensible […] Je n’ai jamais eu peur de parler aux adultes, c’est parce que chez SOS Villages d’Enfants, nous avons toujours été libres de nous exprimer et de communiquer ouvertement ».

Yvette

En 2012, à l’occasion de la Journée internationale de l’enfant, Yvette et d’autres enfants défenseurs des droits de l’enfant ont organisé et mené des activités de plaidoyer avec les autorités locales dans le district d’Atakora, au nord du Bénin. Ils ont demandé un soutien financier et du matériel scolaire pour les étudiants de la région. Quant au discours d’Yvette, il est passé à la TV.

En 2020, avec le soutien de SOS Villages d’Enfants, Yvette et un autre jeune ambassadeur ont développé un projet pour la protection des droits de l’enfant pendant la pandémie de Covid-19. Le projet a été soumis à Youth Power – programme international d’autonomisation des jeunes sponsorisé par l’USAID -, il a été sélectionné et financé. « Avec l’aide de SOS Villages d’Enfants, nous avons pu former 2.500 jeunes dans différentes communautés du Bénin sur les risques liés au Covid-19 et les moyens de les réduire. Nous avons pu aussi distribuer des kits d’hygiène ».

L’employabilité des jeunes au centre de l’engagement social d’Yvette

Aujourd’hui, Yvette, l’avocate des droits de l’enfant, se focalise en premier lieu sur l’employabilité des jeunes. « Maintenant que je suis une jeune femme, je sais que les enfants ont besoin de devenir autonomes et d’apprendre à le devenir ».

En 2017, Yvette a participé au lancement international de YouthCan!, programme de SOS Villages d’Enfants qui encourage l’esprit d’entrepreneuriat chez les jeunes dans le monde entier. Elle est allée à Addis-Abeba pour représenter le Bénin à la conférence inaugurale, où elle a parlé des défis auxquels les jeunes du Bénin sont confrontés pour trouver un job. « Voir que mon engagement avait une résonance internationale a été une belle surprise. Les gens m’écoutaient, et pas seulement dans ma communauté ou dans mon district. Un enfant, lors de l’événement, m’a dit que j’étais un modèle pour lui, cela m’a touchée. J’aimerais porter ma voix encore plus loin », dit-elle, fièrement. 

Yvette aimerait désormais parler devant les Hauts Représentants des Nations Unies : « Cela marquerait le début d’un véritable changement pour des millions d’enfants dans mon pays, le Bénin ».

Yvette est titulaire d’une licence en gestion financière et comptable et suis un master en contrôle de gestion, audit et finances. Elle peaufine son CV, pour mettre toutes les chances de son côté. Elle espère que ses efforts seront récompensés et que ses rêves deviendront réalité.

Yvette participe au programme Learnio au Bénin

Yvette a suivi cette formation, est actuellement freelance et travaille pour un prestataire de services international spécialisé dans la création de documents de présentation professionnels. Lorsqu’on lui demande ce qu’elle conseillerait à des jeunes femmes comme elle, Yvette déclare :

« Je voudrais encourager les filles et les femmes à ne pas se poser de limites dans l’apprentissage et l’insertion professionnelle. Nous devons nous adapter à l’évolution du monde et aussi aux besoins du marché du travail. Appliquez-vous à développer vos compétences numériques afin d’avoir les mêmes connaissances et compétences que les hommes. C’est un domaine concret qui offre de nombreuses opportunités de carrière ».

Yvette

Pour en savoir plus sur le parcours de Yvette et la formation Learnio (en anglais) : https://www.sos-childrensvillages.org/news/technology-has-changed-my-life

A travers les PACOPE (Programmes d’Accompagnement des Communautés pour la Protection de l’Enfant) SOS Villages d’Enfants Monde soutient les communautés de Abomey-Calavi et de Parakou au Bénin.

© Photos : Jessica Tradati