Pandémie de Covid-19, changement climatique, déforestation massive, extinction d’espèces animales et végétales… les signaux d’alerte se multiplient depuis des années. Nous devons protéger la planète, préserver ses espèces et ses biodiversités. Chaque 22 avril, la Journée internationale de la Terre, nous rappelle qu’il y a urgence à agir et à revoir nos gestes et nos comportements vis-à-vis d’une planète en souffrance.
La pandémie mondiale de Covid-19 ne peut que nous amener à repenser nos relations à l’environnement. Après la crise, nous reconstruire doit se faire en respectant la planète. Les Objectifs de Développement Durable des Nations Unies qui visent à la protéger et à forger un monde pacifique, juste et équitable, sont depuis longtemps au cœur des préoccupations de SOS Villages d’Enfants.
A l’occasion de la Journée de la Terre, nous souhaitons partager avec vous une histoire pleine d’enseignements en provenance d’Ethiopie, pays gravement touché par les conséquences du changement climatique et de la déforestation. A Iteya, des jeunes plantent aujourd’hui des arbres, apprennent techniques d’irrigation et techniques de culture pour s’adapter à ce changement climatique. Il en va de leur engagement pour notre planète mais aussi d’éducation à l’environnement et de transmission. Découvrez ici cette histoire, écrite par notre collègue SOS Katarina Ebel, à lire dans sa version originale et intégrale en anglais.
En Ethiopie, des jeunes apprennent à leurs aînés à s’adapter au changement climatique
Les champs de blé s’étendent jusqu’à l’horizon. A première vue, la zone légèrement vallonnée semble fertile et productive. Mais les vastes terres arables sont trompeuses car chaque famille n’a qu’un petit coin à cultiver. Depuis de nombreuses années, le rendement des cultures dans cette zone aride diminue en raison de l’érosion et de la sécheresse. Les agriculteurs d’ici ne connaissent pas les systèmes d’irrigation modernes. « Je vois à quel point les agriculteurs souffrent », déclare le directeur de l’école locale, Kedir Abdo Ketebo. « L’épuisement des sols apporte de moins en moins de revenus et les familles s’appauvrissent de plus en plus ». La déforestation et les monocultures font partie du problème, explique-t-il, mais « les familles ne connaissent pas mieux ».
Alors que la plupart des écoliers sont issus de familles d’agriculteurs, Kadir estime que l’éducation des jeunes au changement climatique et aux nouvelles techniques agricoles est essentielle pour aider la communauté à s’adapter. C’est pourquoi il a décidé de lancer, avec ses élèves, un projet de protection du climat, géré par SOS Villages d’Enfants. Quinze jeunes sont là dans la cour de l’école, devant les jeunes arbres qu’ils ont récemment plantés et qu’ils arrosent aujourd’hui. Tadesse Abebe, chef de projet chez SOS Villages d’Enfants, leur demande s’ils savent ce que signifie le changement climatique. Après un silence gêné, une jeune fille dit à voix basse : « Si le climat est bon, nous allons bien aussi. Si le climat est mauvais, les plantes meurent et nous mourrons de faim ». Tadelech, 16 ans, a compris. Elle veut être un modèle et éduquer les autres. Ce qu’elle-même et les autres élèves apprennent sur les méthodes de culture et d’irrigation, ils le transmettront à leurs parents et à la communauté. « Suivriez-vous les conseils de vos enfants en matière de méthodes de culture et d’irrigation ? » demande Tadesse à trois agriculteurs qui acquiescent. « Nous dépendons de l’aide d’urgence du gouvernement depuis 13 ans à cause de la sécheresse constante », répond Taha. Il y a quelques années, le gouvernement a commencé à planter des arbres et à faire pousser des variétés de plantes. « Nous constatons lentement des changements dans le rendement des cultures et une diminution de l’érosion », explique-t-il. « Quand j’étais enfant, cette zone était pleine d’acacias. Maintenant, tous les arbres ont disparu et nous avons besoin d’aide. Bien sûr, nous faisons tout ce que nous pouvons pour changer cela ».
« Il est temps d’agir pour le bien-être de nos enfants »
La région est au cœur d’une initiative nationale de reboisement appelée « héritage vert », dans le cadre de laquelle le pays va planter 20 milliards d’arbres en 5 ans pour lutter contre le changement climatique. SOS Villages d’Enfants y participe en plantant 17.000 arbres dans 6 cours d’école et en formant les jeunes. En raison de la fermeture des écoles, suite à l’apparition du coronavirus, le projet a été retardé mais, cette année, la plantation des arbres et les formations doivent s’intensifier. Quelque 3.000 enfants et leurs parents sont concernés. Ensuite, le projet se concentrera sur les opportunités d’emplois dits verts.
« Notre objectif est de faire prendre conscience que chacun est responsable de l’environnement et donc de son avenir et de celui des générations futures », explique Tadesse, ajoutant : « En Ethiopie, la protection de l’environnement et du climat est étroitement liée à la sécurité alimentaire. Ainsi, si nous parvenons à contenir les effets du changement climatique et de l’agriculture, nous lutterons en même temps contre la faim et l’exode rural. La pandémie nous a montré une fois de plus à quel point nous sommes vulnérables et ce qui se passe si nous ne répondons pas aux avertissements de la nature. Combien nous faudra-t-il de sécheresses, d’invasions de criquets, d’inondations et de virus avant de comprendre ? Non, il est temps d’agir pour le bien-être de nos enfants ». Le fait que des jeunes comme Tadelech comprennent que leur bien-être est étroitement lié à celui de la planète montre que le travail de Tadesse et de l’équipe de projets de SOS Villages d’Enfants porte ses fruits !
© Photos : Alea Horst