Actualités

PACOPE-SPE : à Tahoua, au Niger, Mariama a retrouvé son indépendance

Publié le 28.04.2023

Le second épisode de notre série d’articles sur les PACOPE-SPE (Programmes d’Accompagnement des Communautés pour la Protection de l’Enfant et des Système de Protection de l’Enfant) retrace le parcours de Mariama*, bénéficiaire de notre PACOPE dans la ville de Tahoua, au Niger. Jeune veuve et mère de quatre enfants, elle a su tirer le meilleur parti de l’accompagnement proposé par SOS Villages d’Enfants Niger et SOS Villages d’Enfants Monde pour améliorer durablement son cadre de vie et celui ses enfants, sa relation avec eux ainsi que son rôle au sein de sa communauté.

Bénéficiaire :
Mariama*, mère et tutrice de 4 enfants (2 garçons et 2 filles)

Pays, région :
Quartier de Koufan, Tahoua, Niger

(*Prénom modifié pour des raisons de confidentialité)

Les PACOPE-SPE

Les PACOPE-SPE (Programmes d’Accompagnement des Communautés pour la Protection de l’Enfant et des Système de Protection de l’Enfant) visent à apporter une réponse sur le long terme et à différents niveaux : de l’appui aux acteurs étatiques (ministères, mairies…) pour une dynamisation des cadres de concertation de la protection de l’enfance à l’accompagnement au cas par cas des familles et des enfants les plus vulnérables.

Les familles, les communautés et les autorités sont toutes parties prenantes de ces programmes qui visent la mise en place d’une société capable de répondre seule aux problèmes de vulnérabilité et d’établir des mécanismes de prévention. Partout où le programme est implémenté, associations locales, comités de protection de l’enfant, ONG et autorités nationales, régionales et locales figurent comme partenaires actifs.

Avec les PACOPE-SPE, SOS Villages d’Enfants Monde et ses partenaires accompagnent familles et communautés et, même si les contextes varient d’une région à une autre, ils ont un même objectif : l’amélioration de la situation des familles pour une plus grande résilience, le renforcement continu de la communauté, l’accompagnement des jeunes sur le chemin de l’emploi, la mise en œuvre à tous les niveaux de la protection des enfants afin de leur permettre de se développer dans un milieu sain, protecteur et porteur et d’y jouer un rôle actif. Les PACOPE-SPE sont inscrits dans le 4e Accord-Cadre (2022-2026) que l’ONG luxembourgeoise SOS Villages d’Enfants Monde a signé en février 2022 avec le Ministère des Affaires étrangères et européennes (MAEE).

Au Niger, les PACOPE-SPE accompagnent 1.689 enfants et jeunes* au sein des communautés de Dosso et Tahoua.

*groupes cibles évalués fin 2022


Situation initiale de la famille :

Au décès de son mari en 2007, Mariama s’est vue contrainte de s’installer avec sa belle-famille. Alors gérante d’un petit commerce où elle vendait des tubercules (patates douces, ignames…) et des glaces, ses revenus ne lui permettant pas de subvenir aux besoins essentiels de ses quatre enfants (alimentation, frais de scolarité…), ni de leur offrir un logement décent. Cette situation financière précaire ne lui permettant pas d’épargner ni d’accéder à aucune forme de crédit, la famille de Mariama a été identifiée comme vulnérable par les équipes du programme de renforcement des familles de SOS Villages d’Enfants Guinée qu’elle a intégrée en octobre 2015, avant de devenir membre bénéficiaire du PACOPE-SPE de Tahoua à partir de 2017.

Evolution de la situation :

À partir de fin 2015, Mariama a pu bénéficier d’un soutien direct du programme de renforcement des familles (PRF) pour faciliter la prise en charge des besoins essentiels de ses enfants : leur permettre de fréquenter régulièrement l’école, d’accéder à des soins de santé, les inscrire à l’état civil…
À travers le PRF, Mariama bénéficie aussi de quelques formations. En 2016, Mariama intègre l’Association Villageoise d’Epargne et de Crédit de son quartier. S’en suit une série de formations qui renforcent ses compétences, lui permettent d’analyser la rentabilité de ses activités et de les diversifier.  L’objectif : améliorer durablement son cadre de vie, celui de ses enfants et leur permettre d’atteindre l’autonomie financière.

À travers ce dispositif solidaire, elle bénéficie de formations sur des thèmes tels que la gestion de l’épargne et du budget familial, la vie associative et la gouvernance d’une AVE&C. En parallèle, la mère de quatre enfants rejoint un groupe qui exploite une borne-fontaine dans le quartier. L’exploitation de la fontaine demandant une grande capacité de gestion des ressources, cette nouvelle activité lui confère une certaine reconnaissance dans le voisinage.

Un accompagnement ciblé par les équipes de SOS Villages d’Enfants

En 2017, Mariama intègre le PACOPE-SPE de Tahoua, qu’elle rejoint dès sa création. Ce programme lui offre un véritable accompagnement de proximité par les équipes de SOS Villages d’Enfants, et l’occasion d’assister à plusieurs sessions de sensibilisation sur les droits et la protection de l’enfant et sur l’importance d’appliquer des bonnes pratiques dans leur éducation. 

Les formations suivies par Mariama lui ont permis d’augmenter progressivement les bénéfices de son petit commerce. Entre 2017 et 2020, ses revenus ont doublé, lui permettant à la fois d’épargner et d’investir pour développer ses activités. En plus de la vente et petit commerce et de la gestion de la fontaine, Mariama a commencé une activité d’élevage de chèvres qu’elle vend sur le marché.

Sur cette même période de temps, la famille de Mariama qui était classé dans la catégorie « pauvre » selon l’Indice de Pauvreté Multidimensionnelle (IPM) est passée à la catégorie « un peu riche », ce qui signifie notamment que Mariama a pu fournir 3 repas par jours à ses enfants, prendre en charge leurs frais scolaires et leurs frais d’habillement.

Mariama devant la nouvelle maison qu’elle a faite construire pour elle et ses 4 enfants

En 2019, Mariama était suffisamment riche pour débuter la construction d’une nouvelle maison pour elle et ses enfants et quitter ainsi la maison de sa belle-famille. La nouvelle demeure de la famille comporte des chambres séparées pour elle et sa plus jeune fille ainsi qu’une section réservée à ses 2 garçons. Les enfants disposent aujourd’hui de tout le confort et la sécurité nécessaires pour se concentrer sur leurs études et grandir sereinement.

Education et communication avec les enfants

Depuis son entrée au sein du PACOPE-SPE en 2017, Mariama a régulièrement participé aux activités du Comité de Protection de l’Enfant de Tahoua. Parmi ces activités, de nombreuses sessions de sensibilisation, notamment à l’éducation positive, ont eu un réel impact sur la relation entre la mère et ses 4 enfants. Alors qu’en 2017, seul l’un des enfants de la fratrie fréquentait l’école faute de moyens pour assurer le paiement des frais de scolarité des autres, en 2020, tous avaient repris leur parcours scolaire. Les enfants de Mariama ont fait des progrès considérables à l’école et leur insertion dans le monde du travail est en bonne voie. Aujourd’hui en apprentissage dans le domaine de l’électricité, son plus grand fils se rend aujourd’hui à l’école sur la moto que lui a offerte sa mère pour le soulager de ce long trajet à pieds.

Les Comités de Protection de l’Enfant

Le Comité de Protection de l’Enfant (CPE) a pour mission de protéger les enfants contre toutes les formes de maltraitance, de négligence, d’exploitation ou de discrimination. Dans le cadre de nos PACOPE-SPE, il réunit des collaborateurs de SOS Villages d’Enfants spécialisés dans la protection des enfants et la sauvegarde et des membres de la communauté impliqués activement dans la protection des enfants (des organismes étatiques de protection de l’enfant, des associations locales et des structures de santé).

Le rôle principal du Comité de Protection de l’Enfant est de prévenir les violations des droits de l’enfant et de garantir que les enfants bénéficient d’un environnement sûr et sain. Pour cela, il peut mener des enquêtes sur les cas de maltraitance signalés, intervenir auprès des familles pour les sensibiliser à leurs responsabilités parentales, offrir un soutien aux enfants victimes et mettre en place des programmes de sensibilisation et de prévention. À travers ces activités, il bénéficie à tous les membres de la communautés impliqués dans l’éducation des enfants (parents, tuteurs, enfants, personnel des école, etc.).

Mariama a également su faire des bonnes pratiques de l’éducation parentale une habitude. Il est aujourd’hui naturel pour elle d’impliquer ses enfants dans les décisions qui concernent le foyer. Cette prise en compte de leur point de vue a pour effet de les responsabiliser et, à terme, les poussera à reproduire ce schéma au sein de leur propre famille. Les moments échanges privilégiés avec ses enfants ont généralement lieu après dîner et s’accompagnent d’un suivi de la bonne participation de tous aux tâches ménagères. Pour communiquer avec ses enfants, Mariama prône aujourd’hui l’écoute et le conseil et est ainsi devenue une référence en matière d’éducation pour ses voisins.

Suite aux différentes sensibilisations que j’ai reçues, j’ai compris que l’enfant doit être écouté quel qu’en soit le comportement. Ainsi, à travers les conseils j’arrive à amener mes enfants à réfléchir par rapport aux attitudes à adopter pour un changement positif.

Mariama, bénéficiaire du PACOPE de Tahoua et mère de 4 enfants

Sur le plan de l’accès à l’éducation, Mariama est très rigoureuse dans le suivi scolaire de ses quatre enfants. Consciente de l’importance de l’accès à l’éducation, notamment pour ses filles, elle est présente plusieurs fois par mois à l’école pour échanger avec leurs professeurs.

Mariama et ses enfants : deux fils aînés et deux filles cadettes

Les besoins de santé des enfants sont aussi largement couverts depuis que Mariama touche de meilleurs revenus. La vaccination contre le paludisme est à jour et ni les consultations, ni l’achat de médicaments ne sont aujourd’hui un problème pour la famille.

Bilan :

En trois ans, Mariama a considérablement amélioré son cadre de vie et celui de ses enfants. Elle qui était à l’origine dans une situation de grande précarité peut aujourd’hui offrir aux 4 enfants qu’elle éduque seule un cadre sûr et sain, où leurs droits et leurs opinions sont respectés. Cette mère a su démontrer de grandes compétences dans la gestion de ses activités, notamment lors de la pandémie de Covid-19 à laquelle elle a parfaitement su s’adapter. Aujourd’hui formée et riche de son expérience, elle est active et reconnue dans sa communauté et fait figure de référence pour plusieurs autres familles.

©Photos : SOS Villages d’Enfants Niger


Les PACOPE-SPE au Niger

Catégories

Articles récents

Soutenez l'association


Partager

Newsletter

En renseignant votre adresse email, vous acceptez de recevoir indiquer la fréquence d’envoi et le type de contenus envoyés par courrier électronique et vous prenez connaissance de notre politique de confidentialité.
Vous pouvez vous désinscrire à tout moment à l’aide des liens de désinscription.