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La frustration de Nekesa face au coronavirus

Publié le 21.04.2020

À la suite du décès de ses parents, Nekesa* a dû élever seule son frère alors qu’elle était encore elle-même une enfant. Elle a donc été privée de sa propre enfance et a assumé le rôle d’adulte pour garder sa famille unie. Avec la pression de la pandémie de Covid-19, Nekesa se sent surchargée, mais elle doit rester forte pour son frère.

J’ai 20 ans et je vis avec mon jeune frère Lusala*. Il a 17 ans. Nous vivons seuls. Je m’occupe de lui parce que je suis plus âgée que lui. Ma sœur aînée a pris soin de nous lorsque notre mère est décédée en 2015 mais elle est maintenant mariée et a une autre famille.

« Mon frère et moi sommes proches. Il m’écoute et j’aime ça. Nous formons une bonne équipe et nous nous renforçons mutuellement. Lusala est dans sa dernière année de lycée. J’ai un an de retard sur lui : je suis en 11e année. Il m’a dépassé lorsque j’ai redoublé une classe après quelques mois d’absence pendant lesquels j’ai pris soin de notre mère malade. »

« Avant l’arrivée du coronavirus, nous déjeunions à l’école, puis, le samedi, nous travaillions dans les fermes des alentours et gagnions de l’argent pour acheter des aliments pour nous aider à survivre la semaine – comme de la farine de maïs, des légumes et du kérosène à utiliser pour notre lampe la nuit. »

« Mais les choses ont changé avec le coronavirus et les écoles sont maintenant fermées. Nous passons donc la plupart de notre temps à marcher pour chercher du travail. Aujourd’hui, Lusala et moi avons quitté la maison tôt. J’ai utilisé mon foulard comme masque et j’en ai donné un à mon frère. Nous sommes allés dans toutes les fermes et maisons que nous connaissons mais il n’y avait pas de travail. C’est délicat car les gens craignent que nous ne les infections avec le virus. Mon frère a finalement trouvé un travail : il coupé de l’herbe pendant quelques heures. »

«Le travail est difficile à trouver de nos jours. Beaucoup de jeunes et même de personnes plus âgées sont sans emploi et cherchent maintenant les mêmes opportunités que nous. La nourriture est devenue un gros problème pour nous. Je ne me souviens pas de la dernière fois où j’ai mangé un petit-déjeuner ou un déjeuner à la maison ou utilisé du savon pour me laver. La nuit, nous restons parfois dans le noir ou dormons tôt car nous n’avons pas de paraffine pour notre lampe. »

Je crains que si ce virus n’est pas éradiqué rapidement, il ruine l’avenir de mon frère.

« Il doit aller à l’école s’il veut réussir son examen national plus tard cette année, afin de pouvoir aller à l’université et trouver un bon emploi. Nous étudions ensemble quand nous le pouvons. Je l’aide à réviser ce qu’il a oublié depuis la 11e année et il m’apprend de nouvelles choses de la 12e année. Il ne peut cependant pas étudier en ligne, comme les autres élèves ou écouter des programmes éducatifs à la radio parce que celle que nous avions est cassée. Je me sens parfois perdue, mais je dois rester forte pour Lusala et continuer à lui assurer que tout ira bien. »

* Les noms des enfants ont été modifiés pour des raisons de protection.

© Photo : Anne Kahura

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