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Echange avec deux Présidentes

Publié le 22.02.2021

Le début de l’année a été marqué pour notre association par un changement de Présidence. En effet, après dix ans à la tête de SOS Villages d’Enfants Monde, Marjolijne Frieden a souhaité passer le relais. C’est Anouk Agnes qui lui succède.

Vous en saurez plus sur leurs motivations, leurs parcours et leurs visions en lisant ici les deux entretiens que nos Présidentes ont bien voulu nous accorder.

Après 17 ans au Conseil d’Administration de SOS Villages d’Enfants Monde dont 10 ans à sa Présidence, qu’est-ce qui vous incite aujourd’hui à passer la main ?

J’ai été très heureuse de pouvoir œuvrer et guider cette merveilleuse association pendant toutes ces années. Mais, en adéquation avec les règles de bonne gouvernance et pour des questions de mandat, j’ai décidé en fin d’année dernière de me retirer. Mon successeur, Anouk Agnes, apportera un nouveau regard et de nouvelles perspectives, ce qui sera bénéfique pour l’association. Le changement est nécessaire de temps en temps mais SOS Villages d’Enfants restera toujours gravée dans mon cœur.

Que retenez-vous de vos 10 ans de Présidence ?

Je suis particulièrement heureuse pour chaque enfant qui, grâce à nous, a pu grandir dans l’amour d’une famille et avec son soutien. Au cours des 10 dernières années, j’ai vu naître et se développer les programmes de renforcement des familles qui visent à empêcher le disloquement des familles et à permettre aux enfants de continuer à grandir au sein de leur famille biologique. Au fil du temps, nous sommes en effet passés du soutien à la construction de Villages d’Enfants SOS à celui de ces programmes familiaux et communautaires qui sont aujourd’hui la bonne voie à suivre et nous permettent d’aider encore plus de familles et d’enfants dans le besoin. Je me rappelle aussi mes nombreuses missions sur le terrain, au Mali, au Sénégal, en Russie et dans bien d’autres pays partenaires de l’association. Elles m’ont permis de faire des rencontres passionnantes, de partager des moments très enrichissants, d’échanger avec des équipes qui se dévouent corps et âme. Je me rappellerai toujours ma première mission hors d’Europe pour SOS Villages d’Enfants Monde. C’était pour l’inauguration de l’Ecole SOS de Socoura au Mali. Découvrir des jeunes si heureux d’aller à l’école était particulièrement touchant. Et voir que SOS Villages d’Enfants est comme une grande famille dans le monde est merveilleux.

Y a-t-il un événement, une mission ou une rencontre qui vous a plus particulièrement marquée ?

Lors de ma dernière mission, en 2019 en Guinée, j’ai rencontré à Conakry une bénéficiaire de notre PACOPE, une veuve avec huit enfants. Cette femme qui vivait dans la rue s’est lancée, avec l’appui de notre programme, dans la confection de matelas. Petit à petit, ses affaires se sont mises à marcher, ce qui lui a permis de faire construire une petite maison pour sa famille. Cet exemple montre bien l’énorme courage et la persévérance de ces populations. La résilience de cette femme et son incroyable énergie lui ont permis, avec un petit coup de pouce de notre part, de prendre les choses en mains et de pouvoir s’occuper de sa famille.

En 2010, le relais vous avait été transmis par une femme, Barbara François. C’est à une autre femme que vous tendez le flambeau. Avez-vous un commentaire ?

Barbara François était une pionnière. Elle s’est attachée avec force et conviction à façonner l’association. Anouk Agnes, avec son expérience dans le développement et sa personnalité, sera une excellente présidente. Ce sont deux femmes fortes qui ont un même esprit de famille et avec lesquelles j’ai d’excellentes relations. Et ne dit-on pas, parfois, que le meilleur homme pour le poste… est une femme !

 

Trois dates clés

2004 : L’effroyable tsunami qui, au lendemain de Noël, a frappé l’Indonésie. Cette tragédie m’a beaucoup marquée. Elle reste pour moi associée au plus important programme d’aide d’urgence et de reconstruction que SOS Children’s Villages International a mis en place.

2008 : L’inauguration, en octobre, de l’Ecole SOS de Socoura au Mali, ma première mission hors d’Europe pour l’association, une visite sur le terrain qui m’a impressionnée et allait me donner beaucoup d’énergie.

2020 : La crise du Covid-19, en Afrique notamment. Beaucoup d’enfants de nos programmes ont été touchés. Beaucoup de familles ont perdu leurs moyens de subsistance. Nos donateurs ont compris la situation et nous ont aidés tout au long de l’année pour soutenir enfants et familles en détresse.

Vous avez rallié en 2019 SOS Villages d’Enfants Monde mais l’association vous était déjà familière. Quel lien particulier vous y rattache ?

Quand j’étais petite, ma mère travaillait pour SOS-Interfonds, ancien nom de SOS Villages d’Enfants Monde. Elle en est toujours restée proche et est ensuite devenue membre active de l’association. Il y a des photos de moi à 5 ou 6 ans avec un T-shirt SOS. Je me rappelle aussi de ma visite du Village d’Enfants SOS de Mersch, c’est là que j’ai compris le concept des villages d’enfants, à l’époque au centre des actions de l’organisation. Pour l’enfant que j’étais, l’idée des villages d’enfants avec des maisons familiales et des mères SOS, était facile à comprendre, c’est un concept parlant et efficace. J’ai ainsi découvert très tôt comment on pouvait venir en aide aux enfants dans le besoin.

Conseillère économique, vous avez démarré votre carrière dans le domaine de la coopération au développement. Pouvez-vous nous en parler ?

Après mes études en droit et sciences politiques, j’ai eu la chance de décrocher un boulot de quelques mois pour le Ministère des Affaires étrangères et européennes à la Représentation permanente du Luxembourg auprès des Nations Unies à New York. C’est là que j’ai découvert le monde du développement à travers les discussions portant sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement, l’éradication de la pauvreté, la lutte contre la famine, ce qui m’a incitée à m’engager dans ce domaine. De retour au Luxembourg, j’ai rejoint Lux-Development, où, pendant sept ans, j’ai géré des projets dans les domaines de l’éducation, de la santé, des infrastructures, du développement communautaire ou de la microfinance, en Asie, en Afrique (dont deux ans en Namibie) et dans les Balkans. En 2005, alors que le Ministère des Finances cherchait une personne pour représenter le Luxembourg à l’Asian Development Bank, j’ai rejoint Manille et y ai découvert l’aide au développement dans le cadre d’une grande banque qui s’occupe d’infrastructures d’envergure. Par la suite, au Ministère des Finances, alors qu’on était dans les années Yunus et le « boom » de la microfinance, puis à l’Alfi, j’ai toujours abordé les questions de la place financière en tenant compte de leur volet développement, de la responsabilité ESG, des investissements durables et des règles de bonne gouvernance. Quand l’occasion s’est présentée de m’engager au sein de SOS Villages d’Enfants Monde, je n’ai pas hésité, c’est un engagement vers lequel me portaient ma carrière et mes sources d’intérêt.

Dans quel état d’esprit reprenez-vous cette Présidence ? Quelle sera votre priorité ?

Je suis motivée et j’ai envie d’être une Présidente active. Les priorités sont dictées par le contexte et le cadre actuels. La crise du Covid-19 a un impact dans les pays où SOS Villages d’Enfants Monde intervient et tout particulièrement sur les populations vulnérables. Des enfants qui ont perdu leurs parents et sont dans le plus grand besoin, c’est une priorité. Il y a des besoins dont il faudra s’occuper tout de suite et qui s’ajoutent aux projets en cours.

Après une année 2020 particulièrement tourmentée, quels sont pour vous les nouveaux défis pour une association comme la nôtre ?

Les conséquences économiques du Covid-19 risquent d’impacter la collecte de fonds et pas seulement les dons privés. Si chez nous le gouvernement n’a pas dit qu’il réduirait l’aide au développement, on ne sait pas ce qui va se passer à l’international. Nous devons garder à l’œil le financement de notre cause, c’est une priorité. Jusqu’à présent, on peut s’estimer heureux, SOS Villages d’Enfants Monde a réussi en 2020 à maintenir à un très bon niveau sa collecte de fonds mais il faut un effort au quotidien pour se réinventer, mettre en avant de nouvelles activités et de nouvelles approches pour attirer des dons, cela reste en haut de notre agenda.

 

Trois dates clés

1979 : Découverte des activités de l’association et des Villages d’Enfants SOS à travers l’implication de ma mère, Liette Mart-Weber, collaboratrice de la première heure.

1998 : Prise de conscience du monde du développement à travers les discussions autour des Objectifs du Millénaire pour le Développement aux Nations Unies à New York.

2021 : Ma nomination à la Présidence de SOS Villages d’Enfants Monde. Mon moral est au beau fixe et je veux être une Présidente active.

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