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Coronavirus : le quotidien d’une jeune fille au Mozambique

Publié le 21.08.2020

Coronavirus : le quotidien d’une jeune fille au Mozambique

« On ne peut pas être heureux à la maison quand il n’y a pas assez à manger » confie Tia* qui raconte les difficultés du quotidien pour elle, sa mère et ses cinq frères et sœurs. Le coronavirus a bouleversé la vie de cette famille bénéficiaire d’un programme de renforcement des familles. A l’heure de la crise du Covid-19, SOS Villages d’Enfants Mozambique mise sur la prévention et la sensibilisation pour protéger des centaines d’enfants vulnérables et leurs familles.

« Une fois encore, ma mère est revenue tôt du marché, installé en bord de route, où elle vend des légumes. Ce n’est pas normal. Depuis des années, elle avait l’habitude de rentrer après la tombée de la nuit mais le coronavirus a tout changé. Heureusement, ma famille se porte bien mais le virus a rendu nos vies beaucoup plus difficiles.

Mon nom est Tia. Je vis à Chimoio au Mozambique, avec ma mère, mes trois sœurs et mes deux frères. J’ai 13 ans et je suis la troisième de la famille. 

J’aimerais que ma mère reste à la maison pour qu’elle soit à l’abri de la maladie mais on dépend de ses revenus pour vivre. Elle lutte pour pouvoir nous nourrir tous les six car ses revenus ont tellement diminué. Ces temps-ci, elle va au marché trois fois par semaine. J’ai entendu dire à la radio que les gens devaient être séparés d’un mètre et demi pour se protéger. Au marché, pour garder cette distance, les femmes ne peuvent plus y vendre leurs produits en même temps. Du coup, elles alternent les jours de présence.


Aujourd’hui, à la maison, ma mère rationne la nourriture, comme ça on a quelque chose à manger quand elle n’est pas là. On ne peut plus acheter du riz, du poisson et du sucre. Pour le petit déjeuner, on a les restes de la veille mais s’il n’y en a plus alors il n’y a pas de petit déjeuner. Dans ces conditions, maman ne peut plus allaiter mon petit frère. Elle pense planter des patates douces dans notre jardin, ce serait merveilleux pour le petit déjeuner.


Pendant la journée, quand maman n’est pas là, je prends soin de mes deux petites sœurs et de mon petit frère de deux ans, je nettoie la maison, je balaye les alentours, je puise de l’eau au puits. Quand je vais chercher l’eau, j’avais l’habitude de porter le petit sur mon dos et mes deux sœurs m’accompagnaient pour m’aider. Désormais, j’ai arrêté de les emmener avec moi parce qu’ils peuvent tomber malades. Corona complique tout. Je ne vais même plus voir mes amies. On ne peut plus sauter à la corde, jouer à « mata mata » (carré dessiné au sol avec des pierres en guise de pions) et regarder des films du Nigeria.

Le gouvernement a dit que les écoles pouvaient rouvrir progressivement. C’est une bonne chose parce que je suis restée trop longtemps à la maison. J’ai perdu beaucoup de temps et raté plein de leçons car je n’ai pas accès à l’apprentissage en ligne ni à la télévision. Ma mère avait prévu de mettre de l’argent de côté pour installer l’électricité dans les deux pièces de notre maison et d’engager un homme pour faire les branchements. Je m’en réjouissais déjà, surtout pour les devoirs. Mais aujourd’hui, sans argent, il n’y a pas d’espoir d’avoir l’électricité et les câbles pendent sur les murs. D’ailleurs, la nuit, on utilise le téléphone de ma sœur quand on a besoin de lumière. 

Ma plus grande inquiétude est de perdre l’un de mes proches à cause de l’infection. Ma mère rencontre beaucoup de monde au marché, elle est exposée au virus. Elle n’oublie pas de mettre un masque mais c’est inconfortable. Je suis inquiète car si elle attrapait le virus et mourait, nous serions orphelins ».

*Le prénom a été changé pour des raisons de protection

© Photo : Cornel van Heerden



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