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Le sac écologique d’un jeune entrepreneur pour sortir de la pauvreté

Publié le 17.10.2021
Célébrée chaque 17 octobre, la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté a pour thème en 2021 « Construire l’avenir ensemble. Mettons fin à la pauvreté persistante en respectant toutes les personnes et notre planète ». A cette occasion, nous souhaitons partager avec vous une histoire qui nous vient de nos PACOPE. Pour leur dernière année de mise en œuvre, alors que de nombreuses familles ont déjà pu quitter les programmes, nous continuons à accompagner les enfants, les adolescents, les jeunes gens et les familles sur le chemin de l’autonomie et vers de meilleures conditions de vie. Vous découvrirez ici Mouhamed, jeune entrepreneur de Pikine au Sénégal qui vient de lancer une petite entreprise de sacs en papier. Sur le terrain, notre collègue Sebastien Taylor l’a rencontré et nous raconte son aventure.

Avec précision, Mouhamed Ndiaye frotte un bloc de paraffine sur un morceau de papier kraft qu’il vient de découper… Mouhamed est un jeune entrepreneur de 22 ans qui a lancé son entreprise de fabrication de sacs en papier et de boîtes cadeaux avec ses amis d’enfance. Leur objectif : gagner leur vie et transformer leur communauté et concrètement trouver un substitut aux sacs en plastique qui étouffent leur ville et leur communauté.

Mouhamed vit à Guinaw Rails, un quartier de Pikine souvent considérée comme une banlieue de Dakar et qui compte plus d’un million d’habitants. C’est là que se retrouvent de nombreux jeunes Sénégalais qui fuient la campagne à la recherche de travail. Mouhamed habite avec sa mère Anta Fall, ses six frères et six sœurs et ses quatorze neveux et nièces ainsi que trois moutons et un agneau. Ses frères sont vendeurs ambulants, deux de ses sœurs sont coiffeuses occasionnelles.

Donner vie aux idées des jeunes

Si la prospérité économique du Sénégal semble prometteuse, la pauvreté et les inégalités persistent dans ce pays d’Afrique de l’Ouest pourtant loué pour sa stabilité en raison de la faiblesse du marché du travail : la population active augmente plus vite que les emplois et deux tiers des jeunes de 15 à 35 ans vivent dans la pauvreté.

« A Guinaw Rails, beaucoup de jeunes abandonnent l’école ou n’ont tout simplement pas la chance d’y aller, soit qu’ils n’ont pas d’acte de naissance, condition de base pour l’inscription à l’école, soit que leurs parents ne peuvent payer les frais de scolarité », dit Mouhamed. Ces jeunes, pour ne pas rester oisifs et contribuer au revenu de la famille, voient dans le secteur informel une opportunité.

Au Sénégal, comme dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, plus de 80 % des travailleurs trouvent leurs moyens de subsistance dans le secteur informel. Ils sont réparateurs, vendeurs ambulants, pêcheurs, collecteurs de déchets, tailleurs, tisserands ou chauffeurs de bus mais y sont sans protection ni assurance sociale et sans perspective d’un salaire décent.

Mouhamed, qui a abandonné l’école en 2016, a travaillé comme vendeur ambulant de sauce chili puis dans un magasin de vente au détail de vêtements. Il rejoint en 2018 un groupe communautaire de jeunes soutenu par SOS Villages d’Enfants, bien déterminé à trouver une solution. Ibrahima Bangoura y dirige l’équipe qui travaille avec les jeunes entrepreneurs de Pikine. « Ce que nous essayons de faire ici, c’est soutenir des jeunes comme Mouhamed en donnant vie à leurs idées », explique-t-il.

Réaliser quelque chose de grand

Mouhamed sait que sa start-up a un long chemin à parcourir avant d’être rentable. Sa plus grosse commande a été de 150 grands sacs, elle lui a rapporté environ 500€. « Le peu que nous gagnons pour l’instant sert à soutenir nos familles », explique-t-il. « Ce n’est pas encore une grosse entreprise mais nous avons appris le métier et, si nous en sommes là, cela signifie que nous avons ce qu’il faut pour la faire fonctionner »

« Guinaw Rails est un quartier pauvre avec beaucoup de chômeurs et de jeunes enfants qui ne vont pas à l’école mais c’est un quartier de solidarité et de compréhension. Si nous pouvons nous mobiliser, faire quelque chose ensemble et montrer à d’autres jeunes et à leurs familles qu’il y a un moyen de s’en sortir, nous réaliserons quelque chose de grand. C’est notre rêve », ajoute-t-il.

« Nous avons commencé à soutenir Mouhamed et ses amis en leur fournissant une formation, un encadrement et un réseau de contacts », explique Ibrahima qui poursuit : « Leur modèle d’entreprise n’est pas encore rentable, ils doivent prospecter pour trouver des partenaires et des clients et ils manquent un peu d’équipement mais, pas à pas, nous pouvons faire bouger les choses et ce sera une impulsion majeure pour les familles, la communauté et surtout pour d’autres jeunes comme Mouhamed ».

Retrouvez l’histoire intégrale, en anglais, sur : https://www.sos-childrensvillages.org/news/young-entrepreneur-with-bag-full-of-tricks

© Texte et photos : Sebastien Taylor

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