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Le courageux combat d’Hannah contre les traumatismes de la guerre

Publié le 23.07.2024

Hannah*, 7 ans, aspire simplement à une vie paisible où elle pourrait jouer en toute sécurité, sans s’inquiéter de son avenir. Elle a perdu sa maison, ses parents et tous ses repères dans la guerre civile qui sévit dans la région du Tigré.

Hannah se rétablit avec le soutien de sa nouvelle famille au Village d’enfants SOS de Bahir Dar. Kassech, sa maman SOS, s’occupe d’elle.

« Lorsque Hannah a rejoint ma famille en décembre 2021, elle ne pouvait pas parler du tout. Elle était visiblement bouleversée et ses yeux semblaient appeler la compassion », raconte Mme Kassech. « J’ai suivi Hanna de près, l’aidant souvent à se rassurer lorsqu’elle se remémore ce qui s’est passé.

« Parfois, elle se réveille en respirant bruyamment et rapidement, effrayée à l’idée de mourir. Les bruits violents et les personnes qu’elle n’a jamais rencontrées – principalement les hommes – la terrifient aussi complètement. Elle a besoin d’être encouragée et rassurée sur sa sécurité tous les jours pour surmonter le traumatisme », explique-t-elle.

Teresa Ngigi, conseillère en santé mentale et psychosociale à SOS Villages d’Enfants, explique qu’Hannah est encore en état de choc et que le silence est un mécanisme d’adaptation. Sa réaction est courante chez les enfants qui ont grandi dans un contexte de guerre et de conflit.

« L’état de choc est le seul moyen pour le cerveau de protéger l’enfant, car le traumatisme est trop important », explique Teresa. « Son petit corps est incapable d’assimiler tout ce qu’elle a vécu, alors elle se fige. S’il n’y avait personne pour donner à Hannah un sentiment de sécurité dans ce chaos, l’impact serait bien pire qu’en présence d’un parent », ajoute-t-elle.

Le conflit

Hannah est née à Mekelle, la capitale du Tigré. Sa mère travaillait comme femme de ménage et son père comme fonctionnaire. Elle a vécu une enfance heureuse et pleine d’insouciance, où elle pouvait jouer, rire et aller à l’école en toute liberté.

Dans la nuit du 3 novembre 2020, sa a basculé dans la douleur, la souffrance et la détresse lorsque des combats ont éclaté entre les forces gouvernementales et le Front populaire de libération du Tigré.

La ville qu’elle connaissait a changé et Hannah a passé les jours et les semaines suivantes à s’abriter des tirs intensifs et des bombardements, craignant pour sa vie. Dans la confusion de la guerre, elle a été séparée de sa mère mais est restée avec son père. Après des mois de conflit, dans une tentative pour rejoindre d’autres familles fuyant la violence pour se mettre à l’abri, ils sont tombés une embuscade ou son père a trouvé la mort.

Elle s’est réveillée à l’hôpital de Bahir Dar, à 600 kilomètres de Mekelle, où elle a été soignée pour ses blessures.  Le bureau régional des femmes, des enfants et des affaires sociales, qui travaille en étroite collaboration avec SOS Villages d’Enfants en Éthiopie, a demandé à ce qu’Hannah soit placée en famille d’accueil.

Hannah bénéficie d’un soutien psychologique assuré par un professionnel pour que cette expérience éprouvante n’ait pas d’impact à long terme sur sa santé. Cependant, des milliers d’enfants du Tigré n’auront pas cette chance.

On ne sait pas exactement combien d’enfants ont été blessés ou tués au cours de ce conflit qui dure depuis deux ans, mais des milliers d’entre eux vivent aujourd’hui dans des conditions difficiles dans des camps de fortune, après avoir été séparés de leurs parents alors qu’ils fuyaient les combats.

Teresa affirme que l’avenir appartient à ces enfants et que ce sera un grave problème s’ils ne sont pas aidés le plus tôt possible à surmonter les traumatismes de la guerre.

Lorsque les enfants ne sont pas aidés à guérir, ils développent une vision de la vie basée sur leur propre expérience et essaient de se protéger en permanence. Toutes les autres facultés de développement sont mises en suspens parce qu’il y a une urgence : rester en vie. L’enfant ne grandira pas, n’apprendra pas, aura peur des autres et n’aura plus jamais confiance. 

Teresa, professionnelle de santé mentale pour SOS Villages d’Enfants en Ethiopie

À l’âge adulte, Teresa affirme que ces enfants sont plus susceptibles d’avoir des problèmes d’alcool et de drogue, d’avoir un casier judiciaire ou dê devenir eux-mêmes auteurs de violences.

Hannah a perdu plus d’un an de scolarité

Elle aime se rendre à l’école maternelle voisine pour jouer au football avec les enfants et pour jouer à cache-cache. Kassech a déjà acheté son uniforme pour qu’elle puisse s’intégrer.

Je vois un sourire et une étincelle dans les yeux d’Hannah quand elle joue

Kassech, mère SOS de Hannah

« Plus elle se sentira en sécurité, plus elle surmontera ses peurs et trouvera une nouvelle énergie pour apprendre et s’épanouir. Bien qu’elle ne parle pas encore beaucoup, elle dort mieux ces jours-ci, sans faire de cauchemars, et elle retrouve peu à peu le bon état d’esprit pour l’école et la vie de tous les jours. »

*Le nom a été modifié pour protéger l’identité de l’enfant.

© Photos et récit : Ayalneh Fetene

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