Face aux difficultés causées par la pandémie, Judith Kathiru, 52 ans, continue de consacrer sa vie à s’assurer que les familles restent unies. Judith est une bénévole communautaire, et un pont entre les familles pauvres et le programme de renforcement de la famille de SOS Villages d’Enfants, qui responsabilise er renforce les parents. Elle travaille dans un quartier à faible revenu baptisé KCC, du nom de la Kenya Cooperative Creameries, une usine de transformation du lait à l’origine de la communauté, dans la banlieue de Nairobi, la capitale du Kenya.
« Je rends souvent visite aux familles de la communauté pour observer comment les enfants et leurs familles vivent. Les gens me connaissent et, grâce à la confiance que j’ai établie au fil du temps, ils me font ouvertement part de leurs problèmes. Lorsque l’équipe de renforcement des familles appelle pour identifier les familles dans le besoin à KCC, je sais déjà que telle ou telle maison est comme ceci ou cela. »
« Les parents que je mets en contact avec SOS Villages d’Enfants reçoivent une aide pour développer une activité génératrice de revenus, une éducation et un soutien psychosocial pour que leurs enfants soient bien pris en charge. J’ai commencé à travailler avec SOS Villages d’Enfants en 2003. Sans aide, les enfants de KCC souffrent de la faim et du manque d’éducation. De nombreux hommes ont abandonné leurs devoirs de père et passent leur temps à boire de l’alcool ; les femmes portant le fardeau de la famille. Avec les maigres revenus qu’elles obtiennent grâce au travail qu’elles trouvent occasionnellement, les mères ne peuvent pas se permettre de mettre les enfants à l’école et ni de combler leurs besoins fondamentaux. »
« J’utilise mes compétences e formation psychosociale pour conseiller aux personnes qui s’occupent des enfants de canaliser leur frustration et leur colère loin des enfants. S’il y a de la violence à la maison, je parle au mari, mais dans les cas graves, je fais appel aux autorités. »
« Lorsque j’ai entendu parler du COVID-19 et que des gens mouraient du virus, j’ai voulu arrêter complètement de travailler. J’avais peur de contaminer mes deux petits-enfants âgés de treize et cinq ans. Je les ai recueillis après le décès de leur mère. Au début, j’ai arrêté les visites à domicile dans la communauté. Mais les gens continuaient de frapper à ma porte pour demander de l’aide et j’avais du mal à refuser. J’ai alors pris la décision de continuer à les soutenir. Ils dépendent de moi et je suis disponible pour eux. Je reçois des appels désespérés à toute heure du jour et de la nuit. »
« Pour me protéger, je porte toujours un masque et j’ai un désinfectant sur moi. J’essaie de ne pas entrer dans la maison pendant les visites à domicile et je préfère tenir des conversations à l’extérieur lorsque c’est possible. Dans mon travail, j’ai vu des familles s’épanouir et des enfants bénéficier de meilleurs soins. J’ai appris que, peu importe ce qui se passe dans la vie, je dois avoir du courage afin de permettre à plus d’enfants de KCC d’avoir un foyer sûr et s’assurer que les familles puissent rester ensemble. »
©photos : Jakob Fuhr