Déclaration de Dereje Wordofa, Président de SOS Villages d’Enfants International
Une année s’est écoulée depuis la sanglante attaque menée contre Israël et le début de l’escalade de la guerre à Gaza. Nous pensons au bilan dévastateur de ce violent conflit et à la tragédie persistante que représentent les pertes humaines et matérielles. Au nom de SOS Villages d’Enfants International, je lance un appel urgent en faveur d’un cessez-le-feu, de la protection des civils – en particulier des enfants qui doivent être protégés – et du retour en toute sécurité de tous les otages détenus à Gaza auprès de leurs familles.
Les conséquences de la guerre sur les enfants sont immenses. Lors de l’attaque du 7 octobre et de la guerre qui a suivi, des milliers d’enfants ont perdu leurs parents, des membres de leur famille et les fondements même de leur sécurité. Selon les Nations unies, au moins 17.000 enfants de Gaza sont non accompagnés ou séparés de leurs parents, ce qui représente 1% de la population déplacée, soit 1,7 million de personnes. De même, les rapports de l’International Rescue Committee révèlent, triste réalité, qu’entre 15.000 et 19.000 enfants ont vu leurs parents tués et n’ont aucun adulte pour s’occuper d’eux, et plus de 10.000 Palestiniens – principalement des femmes et des enfants – sont portés disparus. L’extension des hostilités crée une catastrophe encore plus grande dans la région, les attaques au Liban tuant et blessant des enfants à un rythme alarmant.
Ces chiffres inquiétants reflètent une crise humanitaire d’une ampleur inimaginable. Malheureusement, les souffrances sont souvent réduites à des statistiques, c’est-à-dire au décompte des morts, des blessés et des déplacés. Or, derrière ces chiffres se cachent les souffrances indicibles d’enfants, de femmes, d’hommes et de personnes âgées, dont les histoires individuelles de douleur et de perte sont difficiles à saisir pleinement. Ce que l’on oublie souvent, c’est le traumatisme profond et à long terme que subissent les enfants des deux côtés d’un conflit qui s’étend sur plusieurs générations, alors qu’ils construisent leur vie en silence longtemps après la fin des violences.
Cette angoisse profonde des enfants israéliens, palestiniens et libanais va au-delà des chiffres, laissant des cicatrices qui ne guériront peut-être jamais. Il est essentiel que nous ne nous contentions pas de faire face à la crise immédiate, mais que nous reconnaissions et répondions également aux blessures émotionnelles et psychologiques durables qu’elle laisse dans son sillage. La santé mentale des enfants est menacée et leur voix doit être entendue si nous voulons les aider à développer leur résistance émotionnelle.
Dans le monde entier, les effets des conflits armés sur les enfants sont catastrophiques, et Gaza ne fait pas exception. Dans les zones dévastées par la guerre, la vie des enfants est brisée car ils sont confrontés à des violations incessantes de leurs droits. Les zones résidentielles ont été impitoyablement bombardées, déchirant les familles et laissant les enfants en danger permanent. Les enfants qui perdent la prise en charge de leurs parents dans les conflits et les guerres sont les plus vulnérables et sont davantage exposés à la violence, aux abus, à l’exploitation et à la négligence.
Les droits des enfants, tels qu’ils sont inscrits dans la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, sont grossièrement violés. Il s’agit notamment du droit à la vie, à la survie, au développement, à l’éducation, à la protection contre la violence et les abus, ainsi qu’à l’accès aux soins de santé essentiels et à l’alimentation. Nous appelons toutes les parties à respecter le droit humanitaire international et les droits de l’homme, en particulier ceux qui protègent les enfants.
Pour sauver la vie des enfants pris dans les zones de guerre, nous devons garantir un accès humanitaire sûr, y compris un accès à de la nourriture, de l’eau, des abris, des soins médicaux, à un traitement des traumatismes et à un soutien psychosocial. Il n’existe qu’une seule solution durable : la communauté internationale doit prendre des mesures décisives et intensifier ses efforts diplomatiques pour mettre fin à ce conflit et aux escalades actuelles dans la région. La guerre n’a pas sa place dans la vie des enfants, où que ce soit. Un cessez-le-feu immédiat est impératif. Il est temps d’agir.