C’est en 2014 que les Nations Unies ont adopté une Journée mondiale des compétences des jeunes, fixée au 15 juillet, pour mettre en avant le rôle majeur de la transmission des compétences afin de donner aux jeunes la possibilité de trouver un emploi décent et/ou de se lancer dans l’entrepreneuriat. Après deux années de crise de Covid-19 qui ont fragilisé leur situation et leurs perspectives et alors que de multiples crises frappent le monde, la Journée 2022 s’inscrit dans un « cadre global et complexe d’efforts entrepris pour la relance socioéconomique », précisent les Nations Unies. « Transformer les compétences des jeunes pour l’avenir » est la problématique au cœur de cette journée, elle le sera lors du Sommet mondial sur la transformation de l’éducation en septembre prochain.
Il est clair que chez SOS Villages d’Enfants Monde nous nous associons à cette journée, formation et employabilité étant au centre de nombre de nos projets engagés en direction des jeunes en situation de vulnérabilité, en particulier dans nos programmes de développement en Afrique de l’Ouest et en Ouzbékistan. Plus largement, elles sont au cœur des programmes SOS développés aux quatre coins du monde pour équiper au mieux les jeunes pour la vie active. En ce 15 juillet, nous souhaitons évoquer avec vous le parcours de Sandra, jeune Kenyane, bien déterminée à atteindre ses objectifs, découvrir de nouveaux horizons et plaider en faveur de la cause des jeunes.
Malgré la dure réalité, Sandra a de grandes aspirations
Sandra*, 24 ans, n’a jamais pensé qu’elle réussirait dans la vie. Les expériences qu’elle a faites en grandissant dans un quartier difficile et dans une famille fragile ne la promettaient pas à un avenir brillant. Mais les perspectives ont changé au contact d’un monde jusque-là inconnu.
Sandra vit avec sa mère, ses jeunes frères et des cousins à Kariobangi, à la périphérie de Nairobi, capitale du Kenya. Son quartier est baptisé « garage », et pour cause, c’est un cimetière de voitures. Les montagnes de ferraille sont partout, jusque vers chez elle. Cet environnement la dérange. « Je suis mal à l’aise de rentrer ici tous les soirs » dit Sandra qui ajoute : « J’ai appris à mes frères et sœurs à être forts, à prendre de la hauteur et à ne pas se laisser freiner par l’environnement dans lequel nous vivons. Je veux qu’ils progressent et qu’ils deviennent des personnes fortes et indépendantes, capables de vivre leur vie comme elles l’entendent et de la réussir », dit-elle.
Sa combativité a entraîné des changements positifs dans sa propre vie. L’an dernier, grâce à un travail chez DHL, elle a pu subvenir aux besoins de sa famille, payé les frais de scolarité de ses frères, sœurs et cousins, réglé les factures et acheté à manger. Mais son objectif reste de pouvoir offrir un meilleur cadre de vie à sa famille. Si Sandra est aujourd’hui si déterminée, elle ne l’a pourtant pas toujours été. Elle dit avoir acquis l’estime d’elle-même grâce à sa participation à un groupe de jeunes dirigé par le programme SOS de renforcement de la famille destiné à des jeunes issus de familles vulnérables pour leur permettre d’atteindre leur plein potentiel et de réaliser leurs rêves. Grâce à ce groupe, Sandra a obtenu son diplôme de fin d’études secondaires et, avec ce papier essentiel en main, a pu s’inscrire dans une université locale pour obtenir un diplôme en gestion des ressources humaines, une formation qui a été financée par le programme SOS.
En 2019, en tant que vice-présidente du groupe, Sandra a représenté les jeunes de SOS Kenya lors du fameux Sommet de la jeunesse de l’Union panafricaine qui réunissait en Ethiopie jeunes et dirigeants de toute l’Afrique. Elle y est intervenue sur le mentorat des jeunes. « Je n’ai jamais pensé que je pourrais représenter mon pays, plaider et avoir une voix en étant aussi jeune », déclare Sandra. « Je ne pensais pas non plus rencontrer des personnes ayant accompli tant de choses en partant de rien. Je suis rentrée chez moi motivée et inspirée, il y a tant de choses à découvrir ».
« Je n’ai jamais pensé que je pourrais représenter mon pays, plaider et avoir une voix en étant aussi jeune »
Sandra, 24 ans
Sandra a ensuite participé à un autre forum au Rwanda puis a fait un stage de trois mois dans le cadre du programme GoTeach et elle continue de se former. « Je fais des pas de géant pour arriver là où je veux être. Je sais qu’il y a encore des défis et des obstacles que je dois surmonter pour aller de l’avant. Jusqu’à présent, je me suis lancée dans des domaines que je ne pensais pas pouvoir atteindre et je sens que je peux accomplir encore plus », conclut Sandra pleine d’optimisme.
*Le prénom a été changé pour des raisons de protection de la vie privée.
© Photos : Jakob Fuhr
© Histoire : Anne Kahura, Jakob Fuhr – 2021 SOS Children’s Villages