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Une meilleure prise en charge pour Mariam, sauvée de la rue

Published on 19.03.2024

Mariam*, 13 ans, dessine avec enthousiasme une petite maison colorée ayant un jardin, un fil à linge et une aire de jeux sur sa feuille de papier rose – tout indique qu’elle pense à sa maison. Trois jours par semaine, elle 15 autres enfants âgés de 10 à 13 ans assistent à ce cours de dessin dans un centre de réhabilitation en Éthiopie, où ils peuvent dessiner tout ce qui leur passe par la tête.

Ces enfants ont été sauvés des rues d’Addis-Abeba ou vivent dans des familles qui vivent des situations extrêmement difficiles. Beaucoup d’entre eux ont subi des violences psychologiques et physiques.

« Tous les problèmes que j’ai en tête s’envolent quand je dessine », confie Mariam.

La jeune fille ne sait pas exactement combien de temps elle a vécu dans la rue – une semaine, peut-être plus. Elle affiche toujours un air sérieux et sourit très peu. Le centre de réhabilitation TCHA (Tilahunen Charity Association) travaille en partenariat avec SOS Villages d’Enfants en Éthiopie pour protéger les droits des enfants qui ont perdu leurs parents ou qui risquent de les perdre. Des enfants de 9 à 17 ans y trouvent un foyer, de la nourriture, y ont accès à l’éducation et à des soins de santé, à des ateliers pratiques pour les aider à devenir autonomes au quotidien et à un suivi psychologique personnalisé ou en groupe.

Netsanet Yifru, une assistante sociale qui supervise également le fonctionnement de l’établissement, comprend l’angoisse et la souffrance des enfants avec lesquels elle travaille chaque jour en étroite collaboration. Elle raconte que Mariam a été séparée de sa mère et maltraitée par des connaissances de la famille.  « Mariam pleurait beaucoup à son arrivée », raconte Netsanet. « Nous lui avons dit que nous allions l’aider à retrouver sa maman et elle en était heureuse. Je suis convaincue que nous la réunirons très bientôt avec sa famille. »

Forcée de quitter son foyer

L’enfance de Mariam se déroulait normalement jusqu’à ce que sa mère se remarie il y a deux ans. Le beau-père de Mariam a refusé de s’occuper d’elle parce qu’elle n’était pas son enfant biologique. Il est même devenu violent et a battu sa mère, rejetant la faute sur Mariam. Pour instaurer la paix au sein de leur foyer, ils ont envoyé Mariam vivre avec la sœur de sa mère dans une autre région de l’Éthiopie.

Au bout d’un certain temps et à l’insu de sa mère, Mariam a été confiée à une autre famille pour y travailler comme domestique. Une famille qui, selon Mariam, a refusé de la scolariser, mais qui l’a exploitée et maltraitée. « Je me levais tôt le matin pour nettoyer la maison, faire la vaisselle, allumer le fourneau et cuisiner », raconte Mariam, presque à voix basse.

Ethiopia, Addis Ababa, November 30 2022 Story about Yeshembit Mamush. Street children story, with the Tilahunen Charity association. On the photograph: Yeshembit in her room, posing for a photograph. photo: Petterik Wiggers, SOS Children’s Villages

Je m’occupais du bébé et je lavais les vêtements pendant la journée. Le soir, je faisais les lits, je nettoyais la maison, j’époussetais les meubles et la télévision, et enfin, je prenais mon matelas et je l’étalais sur le sol de la cuisine où je dormais. 

Mariam, 13 ans

Un jour, son employeur a menacé de la battre « avec un gros bâton » et de la mettre à la porte. Malheureuse et fatiguée d’être harcelée et maltraitée, Mariam raconte qu’elle s’est enfuie pour vivre dans la rue. « Les rues étaient mal fréquentées et il y avait des voyous », explique Mariam. Les gens m’insultaient. Ils me traitaient de paresseuse et me disaient que mes parents ne se souciaient pas de moi. « Ma mère n’a jamais voulu que je travaille chez un étranger. Mon beau-père la battait et l’a obligée à se séparer de moi ; elle ne pouvait rien faire ».

Le Street Children Consortium estime que l’Éthiopie compte plus de 150.000 enfants qui vivent dans la rue. Ils survivent en faisant les poubelles, en mendiant, en cirant des chaussures ou en faisant des petits boulots. Les enfants vivent dans la misère et dorment devant les magasins, sur les trottoirs, aux arrêts de bus, sur les places de marché – partout et n’importe où, ce qui les expose à la victimisation, à l’exploitation, au harcèlement, à l’exploitation sexuelle et aux abus. 

Selon Netsanet, la plupart des enfants du centre ont fui leur foyer en raison de la pauvreté, de l’éclatement de la famille ou de la séparation des parents.

Un environnement sûr

Un bon samaritain a trouvé Mariam et l’a amenée à TCHA.

« Mon arrivée au centre a été le plus beau jour de ma vie », déclare Mariam. « J’étais très heureuse qu’une enfant pauvre comme moi soit autorisée à entrer dans ce bel endroit. On ne peut pas entrer ici sans autorisation. Les gens me respectent. Je joue avec les autres enfants et quand je suis fatiguée, je regarde la télévision. J’ai arrêté de travailler après mon arrivée ici. Je ne fais que jouer. »

L’environnement de TCHA correspond exactement à ce dont les enfants ont besoin pour se rétablir. Le centre dispose d’un vaste terrain planté d’arbres et de magnifiques jardins fleuris. Ce havre de paix est bien loin des conditions inhumaines auxquelles les enfants sont habitués dans la rue.

Pour Netsanet et son équipe, briser certaines des habitudes que les enfants ont prises dans la rue, soit à cause de la pression de leurs pairs, soit simplement pour survivre, est un véritable défi. « Certains d’entre eux sont très colériques et frappent d’autres enfants », explique Netsanet. « D’autres s’isolent. Les garçons, en particulier ceux qui ont été exposés à différentes dépendances comme la cigarette, la benzine ou l’inhalation d’essence ou de colle, n’écoutent pas et se battent avec nous. D’autres veulent partir et retourner à la vivre dans la rue. Nous travaillons avec eux en utilisant différentes approches et les enfants finissent par se calmer. Ils deviennent plus confiants, plus sereins et plus positifs quant à leur avenir. »

Mariam n’est pas restée assez longtemps livrée à elle-même pour adopter ces mécanismes d’adaptation, mais elle reste visiblement marquée par son passage dans la rue.


Réunification

Deux mois de thérapie permettent aux enfants à changer de vie, puis de retrouver leur famille et les aident à retourner à l’école. Leurs tuteurs suivent une formation portant sur la protection de l’enfance et sur l’entrepreneuriat pour renforcer leur capacité à s’occuper de leurs enfants et à les garder auprès d’eux.

Actuellement, 53 enfants bénéficient du service de jour de TCHA, 18 d’entre eux viennent comme Mariam de régions éloignées et sont hébergés au sein d’un foyer SOS.

Le centre a réuni 71 enfants avec leurs familles depuis le début du partenariat il y a deux ans. « Après les avoir réunis, nous assurons un suivi régulier par téléphone et par des visites. Nous effectuons un contrôle minutieux pour nous assurer que les enfants et familles ne risquent pas de retomber dans la même situation », explique Netsanet. Les enfants de plus de 17 ans qui souhaitent vivre de manière indépendante suivent une formation professionnelle et reçoivent un capital de départ pour créer la petite entreprise de leur choix.

Mariam n’est pas sûre de vouloir retourner chez sa mère. Après tout, elle est toujours mariée à son beau-père. « Il y a trois autres enfants là-bas et je ne veux pas que ma mère soit frappée à cause de moi », explique Mariam. « Je veux vivre avec mes grands-parents. »

Où qu’elle aille, Mariam est convaincue que Netsanet et son équipe prendront la décision qui lui conviendra le mieux. Et grâce à toutes ce qu’elle a appris au centre de réadaptation, elle a une idée précise de l’avenir qu’elle souhaite. « J’ai appris à connaître l’importance de l’éducation et à me connaître moi-même, cela changé ma façon de penser », dit-elle. « Maintenant, j’ai de l’espoir. Quand je serai grande et que j’aurai terminé mes études, j’aimerais devenir professeure. J’enseignerai aux enfants pour qu’ils soient intelligents et, en même temps, j’en apprendrai plus moi-même. »

*Le nom a été modifié pour protéger la vie privée de l’enfant.

Photos : Petterik Wiggers, SOS Children’s Villages International

En souscrivant à un parrainage, vous pouvez aider des enfants qui, comme Mariam, ont traversé des moments de grandes détresse et n’ont pas le soutien de leur famille pour grandir et préparer leur avenir. Pour vous renseigner, visitez notre page sosve.lu/nous-soutenir/parrainage/

Merci pour votre soutien !

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